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État des lieux

En Haïti, l’enseignement supérieur est assuré par des institutions publiques et privées. Les
institutions publiques se composent de l’Université d’État d’Haïti (UEH) et des Universités
publiques en région (UPR). La majeure partie des facultés de l’UEH est concentrée dans la capitale Port-au-Prince, alors que les UPR sont installées dans les différents chefs-lieux de départements. La faible capacité d’accueil des institutions publiques et l’absence quasi totale de dispositions légales favorisent la multiplication, au cours des trois dernières décennies, d’établissements privés dont la formation offerte laisse souvent à désirer. Le volet recherche dans les deux secteurs public et privé est quasiment inexistant, faute de financement et d’enseignants-chercheurs en nombre suffisant. Les lacunes au niveau de la recherche s’expliquent également par la sous-qualification de la plus grande partie du corps professoral et les conditions de travail et d’existence extrêmement difficiles des enseignants-chercheurs.

Le corps professoral est composé essentiellement d’enseignants détenteurs d’une Licence ou d’une maîtrise. Des 2000 enseignants recensés en 2010 dans l’enseignement supérieur haïtien, seulement 19% travaillent à plein temps, 11% seulement sont détenteurs d’un diplôme de doctorat (Antoine Atouriste, L’enseignement supérieur en Haïti : une évaluation post-sismique, perspectives de reconstruction et de réforme, août 2011). Les enseignants sont le plus souvent « des professionnels qui travaillent à temps complet et qui de façon ponctuelle s’adonnent à l’enseignement supérieur universitaire » (Pauline Minier, Université d’État d’Haïti, en collaboration avec l’Université du Québec à Chicoutimi. Développement d’un programme de maîtrise en éducation, 2014). Les professionnels travaillent souvent dans plusieurs institutions « et dispensent quelques cours de trois à quatre heures …On peut dire que le pays a très peu de professeurs réguliers qualifiés et n’a pas assez de professionnels pour les aider à consolider la formation universitaire dispensée » (Minier, ibid.)

État, catastrophes naturelles et ES en Haïti

Le séisme de 2010 a assené un coup fatal à l’enseignement supérieur haïtien : 80% des
établissements d’enseignement supérieur ont été détruits ou rendus inutilisables (Kénol Moreau, La situation institutionnelle de l’enseignement supérieur et universitaire en Haïti, in Haïti Perspectives, Vol. 2, n° 1, Printemps 2013). Outre les pertes matérielles, 120 professeurs et 3000 élèves et étudiants ont été tués. Le désastre a provoqué « le départ de nombreux professeurs, professionnels et étudiants…Ce qui a dépouillé les universités de leur base d’expertise locale … ainsi que de la relève en formation » (Pauline Minier, ibid.)

Ce sombre tableau de l’enseignement supérieur en Haïti est lié également au manque
d’intérêt de l’État pour l’éducation en général et pour l’enseignement supérieur en particulier. La part d’investissement de l’État dans l’enseignement supérieur public et privé ne représente que 0.4% du PIB en 2010, alors que cette part est fixée à 5% en République Dominicaine pour le secteur public seulement (Atouriste, Ibid.) Paul Yves Fausner écrit avec raison : « Tout est
compliqué dans le domaine de l’enseignement supérieur en Haïti où l’État pompier est traditionnellement sourd, muet, aveugle et stupide » (Paul Yves Fausner, L’enseignement supérieur en Haïti, enjeux et débats actuels, in Le Nouvelliste, 27 novembre 2017).

L’inexistence, en Haïti, d’un ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique témoigne du manque d’intérêt de l’État pour ce secteur. L’enseignement supérieur relève d’une simple direction du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnel (MENFP). « Dans une telle conjoncture, écrit Minier, il devient nécessaire de penser une stratégie temporaire de prêt d’expertise » pour soutenir, à court terme, les universités tant dans le domaine de la formation que dans celui de la recherche. Il s’agit pour l’enseignement supérieur haïtien de « viser l’autonomie et l’indépendance tout en pouvant recourir à des ressources étrangères surtout pour les programmes de master et de doctorat ».

L’IHEC et les défis de l’ES en Haïti

L’Institut des Hautes Études Caribéennes est pleinement conscient de ces défis et croit urgent de développer « une dynamique de partage d’expertise réciproque », processus dans lequel certaines universités haïtiennes se sont déjà engagées. L’un des principaux objectifs de l’IHEC est de contribuer au développement de la recherche scientifique en Haïti, en ce qui concerne, en particulier, des problématiques portant sur l’espace caraïbe (histoire, géographie, géopolitique, migrations, éducation, développement, etc.) L’IHEC s’inscrit dans une dynamique de développement de la recherche en favorisant l’accès des étudiants, des fonctionnaires et des professionnels à des diplômes de 2e et de 3e cycle, au travers d’une solide formation en ligne et à distance. L’action de l’IHEC se déploie dans une parfaite cohérence avec les objectifs du Centre haïtien de recherche et d’Action pour le Développement (ChrAD) qui en est le fondateur et qui porte les différents projets de recherche fondamentale et de recherche-action qui sont mis en œuvre.

Dr Jean Fritzner Etienne, Directeur de l'IHEC

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